La vraie clientèle des banques selon Monabanq.

Il y a quelques jours, s'est installé dans mon quartier un jeune homme assis derrière un bureau, dans ce qui semble être un atelier ou un espace de coworking. Derrière son bi-écran, son PC portable sur les genoux, ce graphiste/développeur/probablement slasheur regarde droit dans l'objectif, une expression neutre sur le visage. Il fait partie des 4 personnages mis en scène par la banque en ligne Monabanq. dans sa dernière campagne.
Après avoir, il y a quelques années, tourné en dérision les pratiques des banques traditionnelles – qu'il s'agisse de leurs horaires d'ouverture ou de leurs plateformes téléphoniques –, Monabanq. met aujourd'hui l'accent sur sa philosophie qui consiste à accueillir dans sa clientèle toutes les populations.

Un choix pertinent si l'on en juge par le succès croissant du Compte-Nickel, un nouveau type de compte qui s'ouvre chez les buralistes en quelques minutes, avec très peu de frais de fonctionnement et, surtout, ouvert à tous.
"Les gens avant l'argent", donc. Pour illustrer le propos, l'agence Gabriel a choisi de mettre en scène des vrais gens, photographiés dans leur quotidien, les trois premiers sur leur lieu de travail, la quatrième dans une situation banale, au retour de son cours de gym. L'antithèse des personnages de BforBank, pour résumer.
Ce qui interpelle dans la campagne Monabanq., ce sont moins les individus choisis que le traitement photographique qui leur est réservé. Lumière crue, portraits non posés, ces affiches misent tout sur l'authenticité de personnages pris sur le vif, dans leur environnement quotidien et qui ne se sont pas apprêtés pour la photo. 

Des photos brutes, faussement amateur, qui semblent avoir été prises de manière totalement improvisée à l'aide d'un smartphone (fonction "beauté" désactivée). Finalement, ce qui a arrêté mon regard sur ce jeune slasheur, ce sont moins ses bras tatoués que la mauvaise lumière de son lieu de travail et son regard direct – regard si éloigné des conventions qu'il pourrait presque, malgré sa neutralité, passer pour hostile. 
En dérogeant à l'obligation de montrer des images lisses et des visages souriants, la campagne s'offre le luxe d'une esthétique en véritable rupture avec les codes habituels et jusque là réservée, dans sa version chic, aux campagnes Céline par Juergen Teller (et, bien sûr, à la série mode de ce dernier mettant en scène une Léa Seydoux sans maquillage mais avec des poules et un âne pour le magazine Jalouse). 
Un parti pris visuel audacieux pour une marque grand public qui, en refusant de "glamouriser" ses personnages  et sans se réfugier d'ailleurs derrière un quelconque alibi artistique – affirme son engagement auprès de clients imparfaits mais authentiques et non auprès de mannequins de publicité

A noter que, comme le note Gabriel sur le blog Wonderful Brands, le spot télé propose une autre incarnation de "ceux que l'on ne voit jamais dans les publicités pour les banques" : des gens qui travaillent dur mais aussi et surtout des gens qui sourient. 

Une vision beaucoup plus consensuelle que l'on retrouve aussi sur le site créé pour le lancement de la campagne où les visages du personnel de Monabanq. sont mis en valeur à la fois par la lumière et par leurs sourires. Car si les clients sont autorisés à se présenter tels qu'ils sont, les collaborateurs doivent vraisemblablement rester des gens heureux de faire leur travail... 


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